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L’explorateur

Le 30 septembre dernier, les élèves de 5ème ont eu la chance de faire une visioconférence avec Grégoire Convain, un aventurier de 24 ans qui va à travers le monde avec son vélo. Il vient tout juste de traverser l’Asie Centrale en reliant en 4 mois la mer Caspienne et la capitale mongole, effectuant 8000 km à travers des mers de sables chauds et des hauts glaciers enneigés. L’occasion pour les élèves de rencontrer un jeune aventurier passionnant, qui n’en est pas à son premier périple : il avait effectué Paris – Istanbul en 2018 à vélo. Après avoir étudié les textes de Marco Polo, Christophe Colomb, Magellan et d’autres voyageurs avec M. Bert en cours de français, les élèves ont pu à leur tour écrire un interview avec ce jeune explorateur de notre temps. 

Qu’est-ce qui vous a passé par la tête un beau matin pour un tel voyage? Pourquoi en Asie Centrale?

Alors, c’est simple : je voulais sortir de ma zone de confort, car à Paris, nous nous réveillons, nous travaillons, entre le métro et les bars, les sorties, les amis, et nous nous reposons, tout un petit monde bien facile. Je voulais aussi partir pour découvrir les richesses de nouvelles cultures. Je voulais aussi me dépasser physiquement en allant au bout de mes forces.

En Asie Centrale parce que ce sont des pays très méconnus en France. Partir là-bas, c’est une aventure au sens presque d’une grande découverte: on ne connaît pas grand choses de ces habitants. En France, je ne connaissais personne qui soit parti là-bas, et je ne voulais pas refaire un énième voyage dans des destinations qui deviennent des lieux communs.

Pourquoi faire ce voyage à vélo?

Je suis parti à vélo car j’aime énormément ce sport, qui m’a été transmis par mon père et mon grand-père, eux-mêmes de grands cyclistes. De plus, être à vélo permet d’être proche des gens, de ne pas les regarder de haut, d’être accueilli plus facilement aussi : les gens sont solidaires, gentils, généreux et ils m’invitent souvent à rester dormir chez eux. Enfin, partir à vélo est une solution économique qui ne pollue pas.

Grégoire 2

Votre vélo vous a-t-il apporté des difficultés techniques au long du voyage?

Oui, bien-sur, j’ai rencontré beaucoup de difficultés techniques. Dès le 3ème jour, la dérailleuse a cassé, ainsi que 3 rayons de la roue arrière. Incapable de trouver un réparateur, j’ai dû rouler avec une seule vitesse pendant environ 1300 km avant de trouver une pièce de rechange… Heureusement que c’était sur une partie plate de mon parcours !

Pouvez-vous nous raconter votre moment le plus difficile?

Je pourrai dire qu’il y a eu 2 moments plus difficiles: l’un sur le plan physique, l’autre d’un point de vue mental.

Pour le premier, c’était au Tadjikistan. J’étais sur une montagne et je roulais sur une route de sable entourée de glaciers, à pédaler comme dans de la semoule sur 110km, malade comme un chien (tourista bienvenue à bord!). A 4600m d’altitude (bref imaginez vous au sommet du Mont Blanc), un vent violent, une température de 5°C, et pas un bout de pain à mettre sous la dent. Providentiellement, un éleveur de Yach a fini par apparaître du brouillard, et m’a probablement sauvé la vie, en me faisant dormir dans sa yourte et me redonnant des forces. J’étais en bonne forme pour reprendre le chemin le lendemain.

Pour ce qui est du mental, le pire moment était en Mongolie. Je pédalais dans un paysage désertique, seul sur des centaines de kilomètres successifs, sans ne voir personne. C’est alors que je me demandais pourquoi j’étais parti, quelle idée j’avais eu de faire ce périple… etc… Arrivé à la capitale mongole, je me sentais enfin entouré et fier de ce que j’avais accompli.

Dans quel pays diriez vous que vous auriez pu rester et vivre?

Le Tadjikistan.

C’est un pays complètement différent, qui n’est absolument pas atteint des problèmes du monde moderne. Pas de technologie, pas de téléphones, d’internet, de télévision, pas de grands marchés et très peu de confort : les gens vivent vraiment de la terre, assez proche des ressources du travail agricole et de la nature. Ils se contentent seulement du strict nécessaire. Ce qui m’a marqué est qu’ils sont paisibles. Ils sont purs, et leur vie est simple.

Quel endroit vous a le plus étonné?

C’est Ulaanbaatar, capitale de la Mongolie. En effet, c’est une immense ville moderne jonchée de hauts immeubles, au milieu desquels on trouve des Yourtes nomades traditionnelles et des paysans. Ce mélange est très étonnant, et s’explique par le réchauffement climatique. A cause de la sécheresse, les éleveurs ne peuvent plus nourrir leurs troupeaux dans les prairies et viennent s’installer à la capitale.

Comment avez-vous fait pour l’hygiène et la nourriture?

Cela n’a pas été simple tous les jours, mais je me nourrissais principalement de ce que m’offraient les gens qui m’accueillaient, sans quoi j’allais m’acheter de la nourriture : je prenais souvent des graines de sarrasins, parce que cela me donnait de l’énergie physique dont j’avais besoin et ce n’est pas lourd du tout. J’avais avec moi une casserole, des couverts et un réchaud.

Pour mes douches, soit je me baignais dans les rivières soit je me lavais chez les gens. J’ai réussi à me laver presque tous les jours sur les 4 mois de route. Pour la lessive, je n’avais en ma possession que deux hauts et deux bas, une paire de chaussettes et deux caleçons, une paire de chaussure pour le jour, et une légère pour le soir, et je faisais une lessive tous les deux jours. Le but est d’être vraiment le plus léger possible parce qu’à vélo, le moindre kilo en plus change complètement la difficulté du voyage.

Comment avez-vous financé votre voyage?

J’avais travaillé pendant deux ans, en mettant de l’argent de côté, et cela m’a suffi pour financer le voyage : réaliser 8000km en 4 mois, avec un budget d’environ 500€ par mois, cela revient à un total de 2000€ seulement, je suis fier de moi !

Avez-vous l’intention de repartir?

Bien sûr ! Je pense que l’aventure nous appelle toujours. Mais je dois terminer mes études, et l’avenir me donnera certainement de nouvelles idées. A chaque jour suffit sa peine. Nous avons mille personnes et mille chose à découvrir déjà parmi les gens proches qui nous entourent. Ce qui est sûr est que ce genre de voyage nous permet d’aller plus loin, de voir la chance que nous avons au quotidien là où nous sommes, et d’apprendre de nouvelles manières de vivre.

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